3: Les Skinheads

Les Skinheads sont issus de la vague mods. Comme ils vivent dans les même banlieues et quartiers ouvriers, les hard mods fréquentent les Rude Boys, jeunes immigrés antillais, surtout jamaïcains, dont le look est proche et avec qui ils partagent le goût pour la musique noire américaine (soul, rythm'n'blues) et jamaïcaine (ska et rocksteady). Vers 1968, les Hard Mods et les Rude Boys se confondent pour devenir les skinheads.

Certains prétendent que les premiers Skinheads se sont tondus les cheveux pour se distinguer des hippies. On raconte encore que beaucoup étaient ouvriers, donc obligés de porter les cheveux courts en raison des normes de sécurité. Plus probablement, il s'agit d'un moyen pour échapper à la police montée lors des émeutes ou des bastons. Ces Skinheads ne veulent pas ressembler à des hippies, les Skinheads sont issus de la classe ouvrière, les skinheads aiment se battre et détestent la police.

Le look Skinhead se standardise vite : cheveux courts (tondus ou coupés courts, mais rarement rasés à blanc à cette époque), favoris, polos Fred Perry, chemise à carreaux de marque Ben Sherman, bretelles, blue-jean style Levis 501 coupé court ou pantalon ajusté type sta press (rejet des pattes d'éléphant), chaussures Dr. Martens, rangers ou baskets, blouson style bombers jacket, harrington ou encore donkey jacket (manteau de docker), écharpe de son club de football préféré... Les jeunes filles portent des vêtements similaires et affectionnent la mini-jupe. La coupe de cheveux typique des Skinhead Girls, ou Birds, dite chelsea (cheveux tondus avec une frange longue sur le devant et quelques mèches longues dans le cou) apparaît à la fin des années 1970 seulement.



Ces Skinheads écoutent ou jouent du street punk et de la Oi ! !, c’est-à-dire une forme violente et radicale de punk-rock. On retrouve dans cette musique la base du punk-rock, mais aussi l'influence des chants de supporters de football et le style glam-rock dansant du début des années 1970. Cette musique doit susciter chez le jeune auditeur (et surtout le spectateur des concerts) l'envie de danser, de pogoter, mais aussi de reprendre les refrains en chœur, de se mêler aux autres dans une communion de rock, de bière et de sueur.

Oi!, en argot cockney, est la contraction de l'apostrophe : Hey you !. Les groupes précurseurs, sont Menace, Cock Sparrer ,Sham 69, ou Skrewdriver, Angelic Upstarts, Cockney Rejects, Business, The 4 Skins, Last Resort, The Oppressed.

Cette époque connaît aussi un revival rocksteady, ska et skinhead reggae qui contribue à populariser le style skinhead avec des groupes comme Madness, The Specials, Bad Manners ou The Selecter de chez Two-Tone Records.



Cette seconde époque skinhead est aussi marquée par la récupération politique du mouvement. C'est déjà l'extrême-droite qui cherche à s'implanter. À la fin des années 1970, l'extrême droite britannique (British National Party et National Front) s'implante parmi les jeunes punks et skinheads blancs issus généralement des classes sociales les plus défavorisées et en situation de marginalisation. Les provocations de quelques punks, comme Sid Vicious qui arborait souvent un t-shirt à croix gammée, ont fait penser à certains que les vrais rebelles étaient les nazis. Ian Stuart, chanteur du groupe punk Skrewdriver, est un exemple typique de cette dérive. Ian Stuart ne cache plus sa fascination pour Hitler et ne tarde pas à apporter directement son soutien aux associations néonazies, aussi bien au Royaume Uni qu'en Allemagne. Il est suivi par une partie des skinheads et certains punks qui adoptent un comportement de plus en plus violent et basculent vers l'extrême droite. Beaucoup sont des hooligans fascinés par la violence sous toutes ses formes.



Cette implantation de l'extrème-droite au sein de a scène skinhead est amplifiée par les médias : des journalistes peu scrupuleux se complaisent à assimiler les skinheads au nationalisme ou au nazisme, sans tenir compte de la majorité silencieuse qui n'adhère pas à l'extrème-droite. Écœurés par cette récupération de leur contre-culture et fidèles à leurs racines métisses, les skinheads antiracistes se regroupent à partir de 1979-80 au sein des SHARP (SkinHeads Against Racial Prejudice)

Les skinheads anti-racistes considèrent les nationalistes et les néonazis comme de faux skinheads et les appellent boneheads (littéralement "crânes d'os", en fait l'équivalent anglais de "crétin"). Les skinheads d'extrème-droite appellent leurs opposants reds ( "rouges" ou "gauchos" en français) ou redskins ("peaux rouges"). Ces termes, péjoratifs dans l'esprit de ceux qui les utilisent, ont toujours cours aujourd'hui.

2: Les Mods

Au Royaume Uni, à la fin des années 1950, apparaissent les premiers Mods (abréviation de Modernists) pour qualifier, à l'origine, les amateurs d'un style de jazz éponyme.

Les Mods, jeunes urbains prolétaires, se caractérisent dès leur genèse par un mode de vie festif, véritable Way of Life, et hédoniste. Ils développent une certaine obsession pour leur apparence physique et vestimentaire, ainsi que la musique et la danse. Les mMods se déplacent notamment sur des Vespa GS 160, Lambretta TV et SX 200 fortement accessoirisés (recouverts de phares, de rétroviseurs et de diverses pièces chromées).

L'usage de drogue à finalité récréative est fréquent et se compose essentiellement d'amphétamines. La violence, même si elle ne prédomine pas dans ce mouvement de jeunesse, est fréquente. Elle sert à affirmer des logiques de territorialité, la suprématie d'un groupe, ou la défense contre des ennemis potentiels qui ne manquent pas : rockers ruraux, en particulier les Teds londoniens.

Les confrontations directes violentes entre Mods existent aussi (quartiers précis à Londres), mais les conflits divers, conjointement à une volonté d'atteindre l'excellence, se règlent le plus fréquemment sur la piste de danse ou tout simplement en exhibant leurs dernières acquisitions vestimentaires.

L’objectif recherché, souvent inavoué, est d’être identifié et reconnu par ses pairs comme un Face, meneur charismatique reconnu pour son excellence, qui, de par ses propositions vestimentaires, musicales, lance des modes et influe donc directement sur les aspects visibles de la scène.

Les Mods, dont le mode de vie est une culture essentiellement festive, se retrouvent le soir en semaine et chaque week-end dans des rallyes de scooters et dans des fêtes organisées dans des clubs ou pubs. Brighton figure en bonne place parmi les destinations favorites et fut le théaâtre de nombreuses rixes avec les Rockers, immortalisées dans le film Quadrophenia.

Les Mods apportent une attention particulière à leur coupe de cheveux. La célèbre French Line, coupe aux cheveux courts - mi longs avec une raie très marquée sur le côté, est suivie plus tard par le Back Comb, et les cheveux longs, puis très courts voire quasiment rasés (prémices du mouvement skinhead).

Les Mods sont le plus souvent vêtus de chemises Ben Sherman au col boutonné, ou sur mesure, de polos Fred Perry, de costumes sur mesure Bespoke de deux pièces, avec des vestes à trois boutons, des revers fins, et une double fente postérieure, des pantalons (pantalons droits, cigarette) de préférence taillés sur mesure, hipsters (taille basse) ou flat fronted, cavalier cut ou straight bottom ou encore Levi's 501 (qui pouvaient être endossés - la première fois - par leur propriétaire dans son bain afin qu'ils soient portés près du corps).

Leurs chaussures sont le plus souvent italiennes de créateurs, avec des modèles tels que les Desert Boots (Clarks), Hush Puppies.

Tous portaient des Parkas US M 51 Fishtail (ou M 65) de l'armée Américaine portés lors des déplacements à scooter (et exclusivement pour les plus hypes d'entre eux), protégeant ainsi leur costume des intempéries.



On peut remarquer que le style est un signe distinctif qui se compose de vêtements précis issus de plusieurs cultures : américaine avec le jazz et la soul, française avec les films de la nouvelle vague, italienne pour les créateurs et la fameuse dolce vita mais aussi anglaise avec une attirance toute particulière pour l'esthétique de l'Angleterre victorienne (les cols à jabot des Kinks notamment). Les vêtements sont la parfaite illustration de l'éclectisme Mods, qui vise à créer une symbiose de goûts divers qui se retrouvent dans la musique (ska, soul, freakbeat, northern soul, british beat), et une très nette influence européenne s'agissant des vêtements et du mode de vie. Le look est primordial et fort en signification puisqu'il illustre magistralement cette culture.

Plus qu'une activité purement récréative, la danse est un des piliers fondateurs de ce mouvement. Les Mods la pratiquent fréquemment, ils sont souvent d'excellents danseurs et inventent régulièrement de nouveaux pas ou reprennent et adaptent des chorégraphies des chanteurs ou danseurs de Soul noirs Américains. La danse reste d'expression libre chez les Mods, elle est parfois le fruit de rivalités et de concurrence acharnées. Elle est souvent pratiquée en solo aussi bien pour les garçons que pour les filles. Plusieurs émissions télévisées telles que Ready, Steady,Go (chaque vendredi soir sur la BBC) ou des "clips" de groupes tel que les Who (vidéo de I Can't Explain par exemple) proposent aux meilleurs d'entre eux de présenter ces nouveaux pas de danse, et mettent en scène leurs chorégraphies effrénées, voire fougueuses, expression de l'énergie du mouvement et plus généralement du buzz des mid-sixties.

Si on parle de danse, il est alors important de souligner l'importance des clubs, salles de concerts et ballrooms où se réunissaient, et se réunissent toujours, les Mods à Londres comme partout ailleurs. Les clubs les plus connus à Londres sont évidemment le Scene, le Flamingo (deux clubs qui furent l'essence de la culture mods d'avant 65) ou le Marquee (connu pour ses concerts notamment des Small Faces mais aussi de groupes hors de ce mouvement tels que les Rolling Stones). D'autres clubs et surtout ceux situés au nord de l'Angleterre sont à distinguer, tel le Twisted Wheel Club à Manchester (par ailleurs, ces clubs sont aussi connus pour avoir donné naissance à un style musical à la fin des sixties : la Northern Soul).



Autre une passion dévorante pour le style vestimentaire si particulier et recherché (inspiré, entre autres, par la mode Européenne contemporaine - France, Italie,...), les Mods trouvent leur quintessence dans leurs goûts musicaux prononcés mais très éclectiques. Collectionneurs avides de vinyles de Blues, de Soul et de R'n'B, qu'ils distillent dans des clubs ou des ballrooms, ils ne négligent pas pour autant la musique live.

Leurs groupes cultes sont The Who, The Small Faces, The Kinks, The Creation, The Action, The Artwoods, Hipster Image, Georgie Fame and the Blue Flames, The Birds, The Eyes, Fleur de Lys, etc. Ils aiment aussi la Southern Soul, la Tamla Motown, Stax, le Jazz, le R'n'B, le British Beat et la musique jamaïquaine (Jamaican Jazz, Ska, Reggae, Rocksteady). De nombreux Mods attachaient une importance prépondérante à la musique noire et écoutaient, à l'aube de ce mouvement, relativement peu d'artistes blancs. De même, certains groupes Mods ou apparentés reprenaient quasiment exclusivement le répertoire d'artistes afro-américains.

Il s'agit du premier mouvement de jeunesse multiculturel, avec notamment des Mods noirs, originaires pour la plupart de la Jamaïque.

Dès 1966, le mouvement perd de son ampleur surtout dans le sud de l'Angleterre, et les jeunes Britanniques rejoignent en masse le Psychédélisme et deviennent des hippies fortement influencés par les Acides, le Flower Power et Le Summer of Love qui sonnent le glas du modernisme comme mouvement de masse.

La « contre-réaction » au mouvement hippie se concrétise par une radicalisation des Hard - Mods qui au contact (musical et vestimentaire, entre autres) des Rude Boys Jamaïquains évolueront pour devenir des Skinheads, plus orientés vers la musique Jamaïquaine et la Soul, toujours très liés au scooterisme et qui adoptent un style vestimentaire très recherché même s'il est moins varié dans son étendue.



Si vers 1967 - 68, les Mods comme mouvement de masse Anglais tend à s'estomper pour quasiment disparaître, ils continuent à être présents dans le nord de l'Angleterre avec des micro-scènes locales.

En 1978 et 1979, notamment avec le film culte Quadrophenia et une scène musicale qui explose avec des groupes tels que The Jam, Secret Affair, Merton Parkas, Lambrettas, Small Hours (dont le public fidèle compte de nombreux leaders de firms hooligans).

Actuellement la scène mod est très active dans presque tous les pays européens (avec des fortunes et des effectifs divers). Les rallyes scootéristes sur les plages anglaises des stations balnéaires sont aujourd'hui remplacés par des week-ends dans les principales villes européennes. Ainsi en 2007 des week-ends sont organisés à Leeds, Aix-La-Chapelle, Venise, Madrid, Anvers, Londres, Manchester, Barcelone, Glasgow.

1: Les Teddy Boys

Tout a commencé au début des années 50 en Angleterre.

Quelques gangs d'adolescents sont apparus dans l'East End de Londres; ils étaient appelé les "Cosh Boys". Il était très facile de les reconnaître. Ils avaient un accoutrement très spécial: une longue veste avec des colliers de velours et des pantalons-cigarettes (aujourd'hui appelés "slim") à boutons, des socquettes de couleurs et de fines cravates. Leurs cheveux étaient longs et graissés. Ces "Cosh Boys" terrifiaient la société anglaise: vols, attaque au rasoir, bagarre entre gangs (notamment face aux bandes de Mods) et contre la police.


La presse utilisa une nouvelle expression pour décrire ces gangs, dont le nombre augmentait chaque jour, ainsi naissent les "Teddy Boys - Teddy Girls - Teds". Il semble que le premier journal à utiliser le terme Teddy Boy fut le Daily Express, le 23 septembre 1953.

Et le Rock 'n' roll est arrivé. Il fut immédiatement adopté par la jeune génération et bien sur par les Teds.

Bill Haley, Elvis, Buddy Holly, Eddie Cochran, Gene Vincent, Jerry Lee Lewis, Little Richard, Chuck Berry, Tommy Steele, Cliff Richard and the Drifters (ensuite les Shadows), Billy Fury, Marty Wilde (et beaucoup d'autres) devinrent les idoles des jeunes. C'était le commencement de quelque chose de nouveau, une sorte de vent de liberté. En Septembre 1956, Bill Haley avait cinq disques dans le Top 20 et le film Rock Around The Clock était montré dans 300 cinémas.

Mais au début des 60's, les goûts du public changent et beaucoup de Teds, après le service militaire dans la British Army, rejettent leur ancien look, leurs pantalons serrant et coupe leur cheveux. Etait-ce la fin de la Teds culture ? Pas du tout !

Le Rock 'n' roll des 50's avait encore beaucoup de fans en Grande Bretagne, bon nombre d'entre eux, les Ton-Up et/ou Rockers portaient "l'uniforme" des Bad boys américains: veste de cuir noir, t-shirt, jeans et botte de moto.

En 1967, Bill Haley's Shake, Rattle and Roll ont encore grimpé dans les charts. A la fin des 60's, quelques groupes jouaient de l'authentique R'N'R pour une nouvelle génération de Teds reprenant les originaux. Des groupes comme the Wild Angels, the Houseshakers, the R'N'R Gang, Shakin' Stevens & the Sunsets, the R'NR Allstars ont recréé l'esprit authentique du R'N'R, ils ont retrouvé le grand succès des 50's. Ce retour au traditionnel R'N'R était appelé Rock 'n' Roll Revival.

Dans les 70's, la nouvelle génération de Teds a développé une identité forte: la laque avait remplacé la graisse, le style était plus lumineux et parfois les pantalons-cigarettes étaient portés. Petit à petit, cette nouvelle génération retrouvait les racines du R'N'R, le Rockabilly et la Country Music.

Les gens aiment Carl Perkins, Johnny & Dorsey Burnette, Charlie Feathers, Hank Mizell, Warren Smith, Billy Lee Riley, Charlie Rich, George Jones, Carl Mann, Hayden Thomson, Janis Martin, Wanda Jackson, Sleepy Labeef (et beaucoup d'autres artistes) devenaient célèbre en Angleterre et peu après dans le reste de l'Europe.

Les principaux adeptes du Rockabilly ont fondé un nouveau mouvement appelé les Rockabillly Rebels, souvent abrégé en Rockabilly Rebs. Certains d'entre eux ont embrassé les politiques du National Front et de la ségrégation raciale. Ils portaient le drapeau confédéré. Les nouveaux Teds n'ont pas supporté ce mouvement qui était presque mort.

L'intérêt pour le Rockabilly a coïncidé avec l'internationalisation de la tradition Teddy Boy. Les nouveaux groupes comme Crazy Cava & the Rhythm Rockers, the Flying Saucers, the Riot Rockers ont exporté dans toute l'Europe leurs propres chansons, leurs propres musiques. Ils ont créé un nouveau son appelé British Rockabilly.

Ils semblent qu'aujourd'hui, plusieurs Teds retournent aux racines de leur mouvement. Ils renoncent au style des 70's pour celui des 50's. Personne ne sait ce que sera le futur. But we are sure that Rock'N'Roll will never die.